S. f. (Grammaire, Etymologie), ce mot est grec, , comme pour dire , nominis creatio, création, formation ou génération du mot. " Cette figure n'est point un trope, dit M. du Marsais, puisque le mot se prend dans le sens propre ; mais j'ai cru qu'il n'était pas inutîle de le remarquer ici ", dans son livre des tropes, part. II. art. xix. Il me semble au contraire qu'il était très-inutîle au-moins de remarquer, en parlant des tropes, une chose que l'on avoue n'être pas un trope ; et ce savant grammairien devait d'autant moins se permettre cette licence, qu'il regardait cet ouvrage comme partie d'un traité complet de Grammaire, où il aurait trouvé la vraie place de l'onomatopée. J'ajoute que je ne la regarde pas même comme une figure ; c'est simplement le nom de l'une des causes de la génération matérielle des mots expressifs des objets sensibles, et cette cause est l'imitation plus ou moins exacte de ce qui constitue la nature des êtres nommés.
S. m. (Science, Etymologie) vieux mot qui veut dire celui qui a des privautés avec une femme, telles qu'en a un mari. Ce terme vient de l'allemand ruef, qui signifie une voute, comme on appelle fornicatio la paillardise à fornicibus, parce qu'anciennement à Rome les femmes débauchées se tenaient en quelques endroits sous une voute. Caseneuve.
S. m. (Science, Etymologie) assaisonnement composé de différentes choses. On disait du temps de Rabelais salmigondin ; à présent on ne connait plus que le mot vulgaire salmigondi, qui est la même chose que pot pourri. On dérive ce mot de salgami conditum. Les anciens ont appelé salgamum toutes sortes de légumes, comme raves, choux, concombres, etc. que l'on mettait dans un pot avec du sel pour les conserver ; l'on s'est servi sur cet exemple du mot salmigondi, pour exprimer des ragouts composés de plusieurs sortes de choses. (D.J.)
(Science, Etymologie) on sait qu'on entend par siege, une dignité, une juridiction, une place, un canton dépendant de quelque prélat ; en voici l'étymologie et la filiation. Du mot grec , on a fait le mot latin sella, par l'affinité du sifflement entre H et S, et du mot sella on a fait le mot français siege. Les hélies de Pindare, qu'Homère nomme selles, étaient le siege, le lieu de l'oracle. Le fertîle canton, qu'Hésiode appelle Hellopie, était toutes les terres de la dépendance de ce même siege ; et le fleuve Selléis, qui en prit le nom, y coulait ; cette explication semble répandre la lumière sur une infinité de passages obscurs. Enfin le christianisme, qui a consacré jusqu'aux termes de religion employés par les payens, et qui quelquefois même a été plus loin, appelle à son tour sieges les endroits où doivent résider les principaux de ses ministres, les lieux de leur juridiction ; et en conséquence la première de toutes ces juridictions, est nommée le saint siege. Le pape a pris un titre magnifique, pour désigner son district ; cependant il a donné lui-même ce titre à l'archevêché de Mayence. (D.J.)
CLAIRVOYANT, adj. (Grammaire) termes relatifs aux lumières de l'esprit. Eclairé se dit des lumières acquises ; clairvoyant, des lumières naturelles : ces deux qualités sont entr'elles, comme la science et la pénétration. Il y a des occasions où toute la pénétration possible ne suggère point le parti qu'il convient de prendre ; alors ce n'est pas assez que d'être clairvoyant, il faut être éclairé ; et réciproquement, il y a des circonstances où toute la science possible laisse dans l'incertitude : alors ce n'est pas assez que d'être éclairé, il faut être clairvoyant. Il faut être éclairé dans les matières de faits passés, de lois prescrites, et autres semblables, qui ne sont point abandonnées à notre conjecture ; il faut être clairvoyant dans tous les cas où il s'agit de probabilités, et où la conjecture a lieu. L'homme éclairé sait ce qui s'est fait ; l'homme clairvoyant devine ce qui se fera : l'un a beaucoup lu dans les livres : l'autre sait lire dans les têtes. L'homme éclairé se décide par des autorités ; l'homme clairvoyant, par des raisons. Il y a cette différence entre l'homme instruit et l'homme éclairé, que l'homme instruit connait les choses, et que l'homme éclairé en sait encore faire une application convenable ; mais ils ont de commun, que les connaissances acquises sont toujours la base de leur mérite ; sans l'éducation, ils auraient été des hommes fort ordinaires : ce qu'on ne peut pas dire de l'homme clairvoyant. Il y a mille hommes instruits pour un homme éclairé ; cent hommes éclairés pour un homme clairvoyant ; et cent hommes clairvoyans pour un homme de génie. L'homme de génie crée les choses ; l'homme clairvoyant en déduit des principes ; l'homme éclairé en fait l'application ; l'homme instruit n'ignore ni les choses créées, ni les lois qu'on en a déduites, ni les applications qu'on en a faites : il sait tout, mais il ne produit rien.